Edito de JC Mailly du 1er Octobre : On ne gère pas un pays comme une entreprise

Le Medef, la semaine dernière, a présenté son livre de couleur jaune :
1 million d’emplois…
c’est possible. C’est le catalogue revendicatif patronal
tel qu’il avait été
amorcé dans une interview de M. Gattaz au Figaro
en juillet dernier, et dont les éléments
essentiels avaient « fuité »
dans Les Échos
le 15 septembre. L’édito en entier

Confédération syndicale internationale : « Un congrès combatif contre le libéralisme économique »

L’éditorial de Jean-Claude Mailly, Secrétaire général de Force Ouvrière, daté du mardi 27 mai 2014

 

La semaine dernière s’est tenu à Berlin le congrès de la Confédération syndicale internationale (CSI).
Des délégations de tous les continents étaient présentes. La camarade Sharan Burrow, dont nous avons soutenu la candidature, a été réélue.
Nombreuses ont été les interventions sur l’inacceptabilité de l’austérité et ses conséquences : augmentation du chômage et des inégalités, appauvrissement des travailleurs, faiblesse de l’activité économique.
Pour notre part, nous sommes intervenus pour condamner la négociation secrète sur le partenariat Europe/États-Unis sur le commerce et l’investissement, source de dumping social et fiscal et de pouvoir renforcé des firmes multinationales sur les États.
La question des libertés syndicales a également été au cœur de nombreuses interventions, ainsi que les inégalités hommes/femmes. Une camarade indienne est intervenue de manière émouvante pour expliquer que son engagement syndical l’a fait reconnaître comme travailleuse à part entière, un acte important d’émancipation.
Ce congrès a aussi été l’occasion, pour la délégation Force Ouvrière, de nombreux contacts avec les organisations sœurs de tous les continents.
Une discussion à bâtons rompus avec nos camarades portugais de l’UGTP a également permis de mesurer très concrètement l’impact suicidaire sur les travailleurs portugais des programmes d’austérité imposés par la Troïka : chômage, blocage des salaires, remise en cause des services publics, interdiction des extensions d’accord collectif, explosion des déficits publics notamment.
Ce congrès a aussi été, pour Force Ouvrière, l’occasion de réaffirmer le rôle essentiel des conventions internationales du travail et notamment des conventions 87 et 98 concernant la liberté syndicale et la liberté de négociation, socles de toutes les autres négociations.
Un congrès combatif contre le libéralisme économique, l’austérité, les inégalités et leurs dangers sociaux, économiques et démocratiques.
En tant que secrétaire général de Force Ouvrière, je siégerai en outre pour la prochaine période au bureau exécutif de la CSI.

Pacte de responsabilité : marché de dupes et communication politicienne

 

                 Comme annoncé, une réunion s’est tenue le 28 février entre les organisations syndicales et patronales concernant le fameux « pacte de responsabilité ».

Force Ouvrière a rappelé les raisons de fond, de forme et de méthode pour lesquelles nous étions en désaccord avec le pacte. Les « engagements » dont on parle feraient sourire si le sujet n’était aussi sérieux. Il y a même des tentatives de placer, sous couvert de pacte, des négociations ou discussions qui n’ont rien à voir et qui étaient prévues bien avant l’annonce présidentielle. Vu la « profondeur » des engagements, aucun texte n’a pu être présenté. Une nouvelle séance est prévue le mercredi 5 mars. Nous serons présents pour interpeller les signataires potentiels, dont nous ne serons pas. Ensuite, à chacun ses responsabilités. Pour nous, c’est le 18 mars.

Emploi des jeunes ? Des accords ont été signés il y a deux ans, un suivi était d’ores et déjà prévu. Formation professionnelle ? Un accord a été signé cette année, il faut le mettre en œuvre. Modernisation du dialogue social ? Après deux ans de délibération, la négociation n’a pas pu démarrer. Remettre cela sur le tapis n’a rien à voir, sauf à vouloir à nouveau reparler des seuils, de l’association aux décisions et de la carrière des militants syndicaux ! Qui plus est, un bilan est là aussi prévu. Relance des négociations sur la grille de classification ? Vu le temps nécessaire pour y parvenir (cela ne se fait pas en trois mois) et le peu d’empressement des employeurs, cela risque encore d’être un vœu pieux.

Force Ouvrière ne s’associera pas à ce que nous continuons à appeler un « marché de dupes ». Qui plus est, « avaler » ce pacte c’est avaler 50 milliards d’euros de réduction des dépenses publiques et sociales, ce qui aura à coup sûr un effet récessif donc négatif sur l’emploi, la protection sociale, les services publics et le pouvoir d’achat.

On peut toujours fixer des objectifs non contraignants de création d’emplois à terme ! Si cela s’avère, à qui seront-elles dues ? S’il y en a, le gouvernement dira que c’est grâce au pacte ! S’il n’y en a pas, ce sera la faute du patronat ! On est, encore une fois, plus dans la communication politicienne qu’autre chose. Alors qu’il faudrait changer de politique économique globale, tant au niveau national qu’européen, et régler les questions dont on parle depuis des années comme, par exemple, les relations donneurs d’ordre/sous-traitants.

« Ne le plaignez pas trop : il a vécu sans pacte, libre dans sa pensée autant que dans ses actes » (Cyrano de Bergerac).

C’est effectivement en toute liberté et indépendance que nous devons réussir la mobilisation du 18 mars.

mardi 4 mars 2014
par  FO Hebdo n°3108 du 4 mars 2014, Jean-Claude Mailly

 

Edito JC Mailly 15/05/2013

À MATIGNON, FO FIDÈLE À SES POSITIONS

 

Éditorial de Jean-Claude Mailly,Secrétaire général de Force Ouvrière, daté de ce mercredi 15 mai (article paru dans FO Hebdo n° 3075)

Nous avons été reçus lundi 13 mai par le Premier ministre et quatre ministres pour préparer la conférence sociale des 20 et 21 juin 2013.

À cette occasion, nous avons réaffirmé nos analyses et revendications.

Nous avons ainsi rappelé que l’adoption du Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (TSCG) et du pacte budgétaire européen enfermait la France dans la seringue de l’austérité.

Quand l’économie est considérée comme une donnée rigide, le social est victime de la flexibilité imposée.

C’est le cas avec l’Accord National Interprofessionnel du 11 janvier, les pressions sur le pouvoir d’achat ou la réduction des dépenses publiques et sociales.

Nous avons ainsi rappelé les lignes rouges en matière de retraite (durée de cotisation, âge, désindexation, réforme systémique), nous avons également souligné les freins mis par le gouvernement en matière de pouvoir d’achat vis-à-vis de ses agents ou du SMIC.

Nous avons abordé les remises en cause du service public républicain avec la Modernisation de l’Action Publique (MAP), la REATE 2 et l’acte 3 de décentralisation.

 Nous avons également rappelé nos analyses en matière de RSE.

 Le Premier ministre nous a écoutés, ce qui ne veut pas dire entendus.

Un débat sur le service public républicain devrait enfin avoir lieu à la conférence ; si tel est le cas on est tenté de dire, enfin!

 Fidèles à notre comportement, nous avons dit clairement les choses.

Y compris que l’ambiance de la conférence n’aurait rien à voir avec celle de l’an dernier et que nous ne tairons pas nos revendications.

Le Premier ministre nous a interrogés sur la représentativité patronale.

Nous avons indiqué qu’à partir du moment où des élections étaient exigées pour les salariés, on ne voyait pas comment le patronat pourrait y échapper.

Enfin, sur la représentativité, nous avons informé le gouvernement que Force Ouvrière ferait du contentieux.

 Il faut toujours rester fidèle à ses positions, dire ce que l’on fait et faire ce que l’on dit.

Autrement dit : à bon entendeur, salut!

Edito JC Mailly : L’ANI, Renault, les vessies et les lanternes

L’éditorial de Jean-Claude Mailly, Secrétaire général de Force Ouvrière, daté du mercredi 13 mars 2013

 Le 5 mars, sur tout le territoire, des militant(e)s Force Ouvrière ont répondu aux appels à manifester contre l’accord du 11 janvier et sa transposition législative et je les remercie.

 Nous avons à cette occasion rappelé les raisons de notre opposition, à savoir les multiples mesures de flexibilité décrochées par le patronat et des avancées aléatoires ou inexactes pour les salariés.

 Nous ne dirons jamais assez qu’on ne crée pas de l’emploi en licenciant plus facilement et qu’il est urgent de réorienter la politique économique suivie sur le plan national et européen.

 Nos camarades de Renaultont décidé de signer l’accord en cours de discussion dans l’entreprise.

D’aucuns ont voulu y voir une contradiction avec notre position sur l’accord du 11 janvier. Il n’en est rien.

Ce type d’accord (Renault) n’est pas nouveau. De tels accords ont déjà eu lieu, par exemple à PSA, Sevelnord, Osram ou Air France, pour ne citer que ceux-là. Ils se situent tous dans le cadre des dispositions actuelles du Code du travail, à savoir notamment que si plus de dix salariés le refusent, l’entreprise est tenue de faire un PSE. C’est cette obligation qui disparaît dans l’ANI. Par ailleurs, aucune baisse de salaire n’est prévue chez Renault, ce que permettrait l’ANI* –les accords d’intéressement seront revus à la hausse et le gel des salaires ne concernera que 2013.

En matière de durée du travail, l’accord prévoit les 35 heures hebdomadaires (certains sites étant actuellement à moins de 35 heures).

Enfin, les camarades ont obtenu qu’il n’y ait aucune mobilité forcée (ce que l’ANI permettrait) et surtout que Renault s’engage à monter le volume de production en France des 500 000 véhicules actuels par an à au moins 710.000.

Ce dernier point est important car Renault est une entreprise qui a beaucoup délocalisé et accroître le volume de production en France est essentiel.

Les diminutions d’effectifs se feront par non-remplacement intégral des départs en retraite et un mécanisme de création anticipée d’activité (non prévu par l’ANI!).

On est donc dans deux démarches différentes et ce n’est pas parce que le 6 mars est le lendemain du 5 que l’accord Renault se coule dans l’ANI, ce qui est d’ailleurs juridiquement impossible.

Il faut par ailleurs rappeler que l’ANI prévoit, outre les accords dits de maintien de l’emploi, d’autres dispositions plus que contestables telles que les nouvelles procédures pour les PSE, les accords majoritaires, les mobilités internes forcées, le CDI intérimaire, le CDI intermittent.

Rappelons aussi que certains points présentés comme des avancées sont aléatoires (par exemple, les droits rechargeables pour les chômeurs), inefficaces (surcotisation de certains CDD et exonération de cotisations patronales).

Rappelons encore que sur certains points (complémentaire santé, nature du licenciement en cas de refus de mobilité, plancher pour les baisses des salaires), le projet de loi n’a pas précisé l’ANI mais a dû le rectifier. Ce qui ne le rend pas plus acceptable pour autant.

Notons enfin que la réduction de cinq ans à deux ans des délais de prescription en matière de salaire n’est pas acceptable, alors que les délais sont de trois ans pour les impôts ou cinq ans pour les loyers!

 

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Personne ne nous fera donc prendre des vessies pour des lanternes.

L’indépendance c’est aussi la liberté de comportement.

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Edito : Accord sur l’emploi, le dossier n’est pas clos

L’Éditorial de Jean-Claude Mailly

 Les raisons ayant conduit le Bureau confédéral, appuyé par la Commission exécutive, à ne pas signer l’accord national interprofessionnel sur la compétitivité et la sécurisation de l’emploi, sont nombreuses.

 Nous avons imagé notre position en indiquant que cet accord consistait en la formule suivante: «la flexibilité c’est maintenant, la sécurisation demain, peut-être…»

 Un document d’explication de quatre pages, à gros tirage, est en préparation pour une diffusion dans les entreprises. Cet accord comporte deux volets et est révélateur de deux tendances. Continuer la lecture de Edito : Accord sur l’emploi, le dossier n’est pas clos

Edito : l’Avenir des régimes de retraite en question

L’AVENIR DES RÉGIMES DE RETRAITE EN QUESTION

Editorial de Philippe Pihet, Secrétaire Confédéral

Dans la continuité de la loi de réforme des retraites de 2010 et malgré un changement de majorité parlementaire, le calendrier d’une nouvelle «réforme» est maintenu au seuil de l’année 2013. Continuer la lecture de Edito : l’Avenir des régimes de retraite en question