Jean-Claude Mailly écrit sur le service public

 

Jean-Claude Mailly écrit sur le service public

Sortie en librairie du livre de Jean-Claude Mailly :

Il faut sauver le service public (Flammarion).

L’objet de cet ouvrage est de montrer les enjeux des services publics de proximité soumis à des réductions de moyens, d’effectifs et d’implantations locales.

Ce retrait de l’action publique conduit, dans certains endroits, à une véritable désertification de la République et à des dérives.

Le livre se base essentiellement sur 250 exemples concrets locaux et très précis issus de toutes les régions.

Y sont rappelées également les positions et revendications Force Ouvrière et à la veille des élections qui auront lieu dans les trois versants de la fonction publique le 4 décembre prochain.

 

Edito de JC Mailly du 1er Octobre : On ne gère pas un pays comme une entreprise

Le Medef, la semaine dernière, a présenté son livre de couleur jaune :
1 million d’emplois…
c’est possible. C’est le catalogue revendicatif patronal
tel qu’il avait été
amorcé dans une interview de M. Gattaz au Figaro
en juillet dernier, et dont les éléments
essentiels avaient « fuité »
dans Les Échos
le 15 septembre. L’édito en entier

Confédération syndicale internationale : « Un congrès combatif contre le libéralisme économique »

L’éditorial de Jean-Claude Mailly, Secrétaire général de Force Ouvrière, daté du mardi 27 mai 2014

 

La semaine dernière s’est tenu à Berlin le congrès de la Confédération syndicale internationale (CSI).
Des délégations de tous les continents étaient présentes. La camarade Sharan Burrow, dont nous avons soutenu la candidature, a été réélue.
Nombreuses ont été les interventions sur l’inacceptabilité de l’austérité et ses conséquences : augmentation du chômage et des inégalités, appauvrissement des travailleurs, faiblesse de l’activité économique.
Pour notre part, nous sommes intervenus pour condamner la négociation secrète sur le partenariat Europe/États-Unis sur le commerce et l’investissement, source de dumping social et fiscal et de pouvoir renforcé des firmes multinationales sur les États.
La question des libertés syndicales a également été au cœur de nombreuses interventions, ainsi que les inégalités hommes/femmes. Une camarade indienne est intervenue de manière émouvante pour expliquer que son engagement syndical l’a fait reconnaître comme travailleuse à part entière, un acte important d’émancipation.
Ce congrès a aussi été l’occasion, pour la délégation Force Ouvrière, de nombreux contacts avec les organisations sœurs de tous les continents.
Une discussion à bâtons rompus avec nos camarades portugais de l’UGTP a également permis de mesurer très concrètement l’impact suicidaire sur les travailleurs portugais des programmes d’austérité imposés par la Troïka : chômage, blocage des salaires, remise en cause des services publics, interdiction des extensions d’accord collectif, explosion des déficits publics notamment.
Ce congrès a aussi été, pour Force Ouvrière, l’occasion de réaffirmer le rôle essentiel des conventions internationales du travail et notamment des conventions 87 et 98 concernant la liberté syndicale et la liberté de négociation, socles de toutes les autres négociations.
Un congrès combatif contre le libéralisme économique, l’austérité, les inégalités et leurs dangers sociaux, économiques et démocratiques.
En tant que secrétaire général de Force Ouvrière, je siégerai en outre pour la prochaine période au bureau exécutif de la CSI.

Le pacte de responsabilité et le pacte d’austérité ne font qu’un

Edito de Jean-Claude Mailly, Secrétaire général de Force Ouvrière, daté du Mercredi 14 Mai 2014 :

Ceux qui, y compris dans le mouvement syndical, acceptent le pacte de responsabilité/solidarité décidé par le président de la République, acceptent dans le même temps la réduction des dépenses publiques et sociales de 50 milliards d’euros sur trois ans.

Il suffit, pour s’en convaincre, d’entendre le président de la République expliquer que pour financer l’allégement du coût du travail et les réductions d’impôt pour les entreprises, il faut obtenir les 50 milliards d’euros. Le pacte de responsabilité et le pacte d’austérité ne font qu’un !

Le cumul des pactes [1] constitue un véritable fromage pour les entreprises. Dans les 50 milliards d’euros annoncés, auxquels il faut ajouter 4 milliards sur 2014, les entreprises gagneront, en plus du CICE (20 milliards l’an prochain), 10 milliards d’exonération de cotisations patronales et près de 8 milliards de réductions fiscales. Soit, au total, 38 milliards d’euros. Sur toute la période 2012-2017, compte tenu des augmentations d’impôt au départ, elles devraient engranger 26 milliards d’euros. A contrario, sur toute la période également, les ménages devraient être impactés de 23 milliards d’euros, entre les augmentations fiscales et les pressions sur les prestations !

Il faut ainsi souligner que le gel des prestations sociales (hors minima sociaux) et le gel des salaires vont par définition diminuer le pouvoir d’achat. Un fonctionnaire de catégorie C (qui gagne moins aujourd’hui qu’en 2010 compte tenu de l’augmentation des cotisations) perd, avec le gel, 100 euros par mois sur un salaire de l’ordre de 1 410 euros.

Si tout cela ne constitue pas une accentuation de l’austérité, autant expliquer qu’il fait soleil quand il pleut ! Si tout cela est marqué du sceau de la justice sociale, autant expliquer que l’accroissement des inégalités serait une vertu jauressienne !

Quant aux « contreparties » du pacte de responsabilité, en matière de rémunération on a la réforme du président du MEDEF : il faut un sous-SMIC temporaire et de la modération salariale !

Tout cela n’est ni acceptable, ni juste, ni progressiste. Pire, les effets à court terme risquent d’être récessifs car la réduction des dépenses publiques et sociales et le gel des prestations vont planter la consommation, l’investissement et donc l’activité économique et l’emploi.

Pour les ménages, lourdement mis à contribution, la confiance va en prendre un coup et ce pacte régressif risque d’avoir un effet dépressif.

Nous continuerons donc à le dénoncer, notamment le 15 mai en appui aux trois fonctions publiques et à l’appel de l’Union interfédérale FO des fonctions publiques.

[1] Pacte de stabilité, pacte budgétaire européen, pacte de responsabilité/solidarité.

 

Salut à toi, Marc

Le Vendredi 21 mars 2014 par  Jean-Claude Mailly.

 

        Tu as porté haut les couleurs de la CGT-Force Ouvrière. Tu as contribué à ce que les militantes et les militants soient fiers de leur organisation. Tu as défendu bec et ongles la liberté et l’indépendance, pour le syndicat comme pour toi-même. Tu n’as laissé personne indifférent.
         Les réactions à ta disparition en témoignent, ceux avec qui tu as été en conflit ou en désaccord chez les responsables politiques ont reconnu ta détermination, tes convictions, ton attachement à la liberté et à l’indépendance.
Les messages sont nombreux, y compris au niveau international de la part de camarades qui ont notamment tenu à souligner ton rôle au Bureau international du travail.
Aujourd’hui, nombreuses et nombreux sont les militantes et militants de Force Ouvrière qui se sentent orphelins.
Dans la négociation comme dans l’action, tu as assumé clairement tes responsabilités de « mandaté n°1 ».
Force Ouvrière sans Blondel n’aurait pas été Force Ouvrière.
Aujourd’hui, nous te rendons hommage. Nous boirons également un coup pour cacher notre tristesse.
Tu n’es plus là mais tu seras toujours là.
         Pendant dix-neuf ans je fus ton assistant direct. Les anecdotes, les événements, les joies et les peines se bousculent dans mes souvenirs.
Complices, complémentaires, confiants, nous le fûmes assurément. Tu m’as beaucoup appris. La première fois que nous nous sommes vus c’était en 1974, j’étais étudiant. Nous avons refait le monde et tu as été déterminant dans mon adhésion à la CGT-Force Ouvrière.
          Je ne fus pas le seul. Tu savais entraîner, convaincre, former. Cela n’empêchait pas les débats, bien au contraire.
L’étiquette que tu revendiques c’était celle de militant syndicaliste. J’ajouterai celle de laïque et de républicain. Il y a des empreintes qui ne s’effacent pas. C’est le cas de la tienne.
Je t’embrasse affectueusement et je pense à ton épouse « cacahuète », à tes filles, Dominique et Corinne, et à tes petits-enfants.
Salut Marc.
Nous ne te disons pas merci, ça t’énerverait.
Jean-Claude Mailly
Secrétaire général

Pacte de responsabilité : marché de dupes et communication politicienne

 

                 Comme annoncé, une réunion s’est tenue le 28 février entre les organisations syndicales et patronales concernant le fameux « pacte de responsabilité ».

Force Ouvrière a rappelé les raisons de fond, de forme et de méthode pour lesquelles nous étions en désaccord avec le pacte. Les « engagements » dont on parle feraient sourire si le sujet n’était aussi sérieux. Il y a même des tentatives de placer, sous couvert de pacte, des négociations ou discussions qui n’ont rien à voir et qui étaient prévues bien avant l’annonce présidentielle. Vu la « profondeur » des engagements, aucun texte n’a pu être présenté. Une nouvelle séance est prévue le mercredi 5 mars. Nous serons présents pour interpeller les signataires potentiels, dont nous ne serons pas. Ensuite, à chacun ses responsabilités. Pour nous, c’est le 18 mars.

Emploi des jeunes ? Des accords ont été signés il y a deux ans, un suivi était d’ores et déjà prévu. Formation professionnelle ? Un accord a été signé cette année, il faut le mettre en œuvre. Modernisation du dialogue social ? Après deux ans de délibération, la négociation n’a pas pu démarrer. Remettre cela sur le tapis n’a rien à voir, sauf à vouloir à nouveau reparler des seuils, de l’association aux décisions et de la carrière des militants syndicaux ! Qui plus est, un bilan est là aussi prévu. Relance des négociations sur la grille de classification ? Vu le temps nécessaire pour y parvenir (cela ne se fait pas en trois mois) et le peu d’empressement des employeurs, cela risque encore d’être un vœu pieux.

Force Ouvrière ne s’associera pas à ce que nous continuons à appeler un « marché de dupes ». Qui plus est, « avaler » ce pacte c’est avaler 50 milliards d’euros de réduction des dépenses publiques et sociales, ce qui aura à coup sûr un effet récessif donc négatif sur l’emploi, la protection sociale, les services publics et le pouvoir d’achat.

On peut toujours fixer des objectifs non contraignants de création d’emplois à terme ! Si cela s’avère, à qui seront-elles dues ? S’il y en a, le gouvernement dira que c’est grâce au pacte ! S’il n’y en a pas, ce sera la faute du patronat ! On est, encore une fois, plus dans la communication politicienne qu’autre chose. Alors qu’il faudrait changer de politique économique globale, tant au niveau national qu’européen, et régler les questions dont on parle depuis des années comme, par exemple, les relations donneurs d’ordre/sous-traitants.

« Ne le plaignez pas trop : il a vécu sans pacte, libre dans sa pensée autant que dans ses actes » (Cyrano de Bergerac).

C’est effectivement en toute liberté et indépendance que nous devons réussir la mobilisation du 18 mars.

mardi 4 mars 2014
par  FO Hebdo n°3108 du 4 mars 2014, Jean-Claude Mailly

 

Edito JC Mailly 15/05/2013

À MATIGNON, FO FIDÈLE À SES POSITIONS

 

Éditorial de Jean-Claude Mailly,Secrétaire général de Force Ouvrière, daté de ce mercredi 15 mai (article paru dans FO Hebdo n° 3075)

Nous avons été reçus lundi 13 mai par le Premier ministre et quatre ministres pour préparer la conférence sociale des 20 et 21 juin 2013.

À cette occasion, nous avons réaffirmé nos analyses et revendications.

Nous avons ainsi rappelé que l’adoption du Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (TSCG) et du pacte budgétaire européen enfermait la France dans la seringue de l’austérité.

Quand l’économie est considérée comme une donnée rigide, le social est victime de la flexibilité imposée.

C’est le cas avec l’Accord National Interprofessionnel du 11 janvier, les pressions sur le pouvoir d’achat ou la réduction des dépenses publiques et sociales.

Nous avons ainsi rappelé les lignes rouges en matière de retraite (durée de cotisation, âge, désindexation, réforme systémique), nous avons également souligné les freins mis par le gouvernement en matière de pouvoir d’achat vis-à-vis de ses agents ou du SMIC.

Nous avons abordé les remises en cause du service public républicain avec la Modernisation de l’Action Publique (MAP), la REATE 2 et l’acte 3 de décentralisation.

 Nous avons également rappelé nos analyses en matière de RSE.

 Le Premier ministre nous a écoutés, ce qui ne veut pas dire entendus.

Un débat sur le service public républicain devrait enfin avoir lieu à la conférence ; si tel est le cas on est tenté de dire, enfin!

 Fidèles à notre comportement, nous avons dit clairement les choses.

Y compris que l’ambiance de la conférence n’aurait rien à voir avec celle de l’an dernier et que nous ne tairons pas nos revendications.

Le Premier ministre nous a interrogés sur la représentativité patronale.

Nous avons indiqué qu’à partir du moment où des élections étaient exigées pour les salariés, on ne voyait pas comment le patronat pourrait y échapper.

Enfin, sur la représentativité, nous avons informé le gouvernement que Force Ouvrière ferait du contentieux.

 Il faut toujours rester fidèle à ses positions, dire ce que l’on fait et faire ce que l’on dit.

Autrement dit : à bon entendeur, salut!

Editorial Jc Mailly du 4/07/2012

ÉDITORIAL DE JEAN-CLAUDE MAILLY DATÉ DU MERCREDI

4 JUILLET 2012

MAINTENIR NOS REVENDICATIONS

 

 

Ainsi donc le SMIC sera revalorisé de 2% au 1er juillet 2012!

C’est la décision du gouvernement. Ces 2% se décomposent ainsi:

– 0,6% dit de «coup de pouce»;

– 1,4% au titre de la hausse des prix depuis la dernière revalorisation du SMIC et à valoir sur la revalorisation qui sera appliquée au 1er janvier 2013.

Concrètement, cela signifie 21,50 euros net de plus par mois pour un temps plein, dont 6,45 euros au titre du coup de pouce.

Autrement dit, par rapport à l’absence d’augmentation, cela signifie sur six mois, 129 euros de plus dont 38,70 euros au titre du coup de pouce! Pas de quoi faire des folies!

 

On mesure ici la distinction entre un effet d’annonce pendant une campagne électorale et la réalité des choses.

Le résultat c’est une réelle déception ou mécontentement chez les salariés concernés.

À juste titre, ils s’attendaient à autre chose. A contrario la présidente du MEDEF apparaissait satisfaite, considérant cette hausse comme raisonnable!

D’aucuns, enfermés dans leurs certitudes libérales, considèrent que toute augmentation du SMIC est insupportable pour les entreprises et l’emploi. Rien n’a, bien entendu, jamais été démontré en la matière.

Rappelons que nous revendiquions au 1er juillet une augmentation de 5% avec pour objectif d’atteindre un SMIC à hauteur de 80% du salaire médian (ce qui représenterait aujourd’hui 1.340 euros net par mois).

Alors que la consommation faiblit sérieusement, que le pouvoir d’achat régresse selon l’Insee, une augmentation substantielle du SMIC aurait été nécessaire, tant sur le plan social qu’économique. Elle aurait également été un signe important en matière de politique économique.

 

Deuxième annonce la semaine dernière: une réduction à venir des dépenses publiques au travers d’une restriction des dépenses d’intervention et des effectifs dans les ministères considérés comme non prioritaires.

Là encore, le flou persiste dans la mesure où cette annonce intervient alors que, à juste titre, la ministre chargée de la Fonction publique annonce que la page de la RGPP est tournée et qu’une évaluation serait menée, ce que nous réclamons.

Pourquoi cette annonce de réduction des dépenses publiques la semaine dernière?

Tout simplement parce qu’il fallait le dire avant le sommet européen, pour montrer que la France ne renonçait pas à la marche forcée vers les 3% de déficit budgétaire, ce qui implique – tout le monde le sait – une politique économique et sociale d’austérité.

 

In fine, le sommet européen:

confirme le pacte budgétaire, c’est-à-dire la logique d’austérité. De ce point de vue il n’y a pas de renégociation ou de remise en cause;

confirme un plan de relance modeste de 120 milliards d’euros (moins de 1% du Produit intérieur brut européen) dont une part était déjà engagée et qui n’est pas de nature à casser l’austérité;

constitue un bol d’air pour l’Espagne et l’Italie en termes de taux d’intérêt, puisque les fonds européens pourront directement soutenir les banques. Mais là encore, les masses financières disponibles sont aussi limitées.

Et surtout, la logique restrictive dite des conditionnalités perdure: vous êtes aidé si vous appliquez ce qu’on vous demande ou si vous prenez des décisions restrictives.

Ce que vient, par exemple, de faire l’Italie s’agissant du «marché du travail».

Dans un tel contexte, il convient de maintenir nos revendications, telles que nous les avons définies avant les élections politiques, telles que la Commission exécutive confédérale les a rappelées, telles que nous les défendrons à la conférence des 9 et 10 juillet prochains.