Interview Fo Hebdo Contrat de Génération

« C’EST BIEN LA CROISSANCE QUI

CRÉE L’EMPLOI ET NON L’INVERSE »

 

 

 

FO Hebdo: FO va signer l’accord sur le contrat de génération et cela semble couler de source; pourquoi?

Stéphane Lardy : Aucune signature ne coule de source par nature.

Je rappelle que nous sommes dans une négociation qui vise à fixer un cadre à l’utilisation du contrat de génération, proposition du candidat Hollande devenu président.

À partir de là, nous savons très bien que ce dispositif ne va pas régler comme par miracle la question du chômage des jeunes dans notre pays et nous avons dû batailler, comme d’habitude, face à une partie du patronat qui ne voulait pas en entendre parler.

Pour autant, nous connaissons la situation de la jeunesse dans notre pays avec un chômage qui dépasse les 20%.

Nous savons aussi que beaucoup de jeunes entrent dans l’emploi par le biais de CDD, de l’intérim ou des stages, et que s’ils n’accèdent pas à un CDI c’est parce qu’ils sont jeunes et non par manque de qualification.

FO Hebdo: Dans ce contrat intergénérationnel et par rapport à la revendication de FO, tout est-il bon à prendre?

Stéphane Lardy : Le contrat de génération reprend, en partie, la revendication de notre organisation d’allocation de solidarité intergénérationnelle (ASI), proposition que nous défendons depuis 2009: faire entrer des jeunes en CDI, maintenir dans l’emploi des seniors pour transmettre des savoirs, les trois aspects étant indissociables les uns des autres.

L’objectif de cette négociation était aussi de fixer un cadre, en terme de contenu, pour nos représentants qui vont devoir négocier la mise en place du dispositif. Par exemple, si un senior consacre une partie de son temps de travail à l’accompagnement d’un jeune, il est nécessaire de renégocier l’organisation du travail dans l’entreprise afin de ne pas transférer une partie de la charge de travail sur d’autres salariés.

 

FO Hebdo : Dans le contexte économique actuel, les chefs d’entreprise vont-ils jouer le jeu ?

Stéphane Lardy: C’est la grande question.

C’est pourquoi nous avons exigé que les accords ou plans d’action soient validés par l’Administration.

C’est pourquoi aussi nous avons mis en place un comité de pilotage national afin de vérifier la bonne utilisation du dispositif et nous serons exigeants quant au remboursement des aides si des entreprises ne jouent pas le jeu.

Après, vu le contexte économique, c’est bien la croissance qui crée l’emploi et non l’inverse. Pour autant, si grâce à cet accord plus de jeunes entrent dans l’emploi avec un CDI, nous aurons fait notre travail de syndicalistes.